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    Au fond des bois 

    La litière d'un feu

    Des cendres

    Triste jonchée de feuilles

     

    Le sol craque

     

    Un pied nu s'avance

    L'orteil remue la poudre grise

     

    Un éclat rouge lumineux

     

    Sursaut, recul

    Silence

     

     

     

    Voir l’œuvre qui a inspiré ce poème, ici

     

     


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    Dans cette rubrique, figurent les œuvres qui m'ont inspirée tout au long de mes pérégrinations sur les blogs que j'ai visités. En dessous apparaissent les textes que j'ai écrits. En cliquant sur le titre de l’œuvre, vous accédez au blog de son auteur.

     

    La caravane

     

    Canyion de Françoise Dugourd-Caput 01.01.2009 - 0,40 x 0,40

     

     

    La caravane juchée sur les échasses des chameaux

    S'engagea avec hésitation dans le canyon.

    Elle craignait qu'une bande de pillards se soit embusquée

    Derrière les arrêtes découpées à la serpe des flancs abrupts.

    Les marchands échangeaient entre eux par signes

    Cherchant à dissimuler toute trace de leur présence.

    Soudain, un bruit d'éboulis retentit avec fracas dans le silence ouaté.

     

    Les bêtes imprégnées de la tension de leurs maîtres firent un écart.

    Les ballots d'un chargement furent déséquilibrés

    Et basculèrent de côté, retenus en suspens

    Par les courroies de cuir qui les reliaient.

     

    La caravane stoppa sa progression.

    La tension montait encore.

    Trois hommes s'occupèrent de décharger les bagages chavirés.

    Devant, les marchands battaient le sol de leur pied

    En signe de nervosité.

    Un coup de feu partit.

    Tous s'allongèrent au sol, fusil en joue.

    Sans pour autant rien voir dans ce brouillard comateux.

     

    Ils attendirent. Longtemps.

    L'un d'entre eux se déplaçait de l'un à l'autre

    Avec lenteur.

    Il expliquait  que le coup était parti de son fusil par erreur.

     

    L'un après l'autre les hommes se relevèrent.

    Ils continuèrent leur pérégrination.

    En silence. Plus détendu après cette frayeur injustifiée.

    Ils atteignirent la sortie du canyon.

    Ils se mirent à rire

    Quand l'un des deux tomba sous le coup d'une détonation.


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    Le regard

     

    Michel Estival - Le regard - 1992 - (21 x29,7cm) - Pastel collé sur plissage

     

    Quel joli regard…

    Porté par l’horizon

    Comme un zeste de rêve

    Un parfum de jour heureux

    Peut-être la mer au loin

    Ou un vallon de blé mûr sous le soleil ardent

    Des persiennes baissées

    Un friselis d’air

    Un lit négligemment ouvert

    Sur une fin d’après-midi.

     

     


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    Dans cette rubrique, figurent les œuvres qui m'ont inspirée tout au long de mes pérégrinations sur les blogs que j'ai visités. En dessous apparaissent les textes que j'ai écrits. En cliquant sur le titre de l’œuvre, vous accédez au blog de son auteur.

     

     

    Jean Noël Beau - Au-delà de cette limite, le temps n'est plus valable ,
    Détail de l’œuvre de Dali "Persistance de la Mémoire.

     

     

    C'est alors que surgit des eaux un immense cube de béton désertique. L'heure géométrique balançait son cri strident sur un rythme syncopé. Les êtres alentour commencèrent à se dandiner de façon catatonique. Leurs mouvements entrechoqués se propagèrent au sol. La végétation fut prise de tremblements irréguliers. Tandis que tout bougeait, le son avait disparu. La pendule se fêla. Les chiffres des heures tombèrent les uns après les autres. Le cadran se distordit. Il y eut une explosion de lumière crue. Avec la mort du temps, tout se figea.

    Définitivement.

     


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    Un jour, Petit Tom décida de prendre la mer.

    Il était venu pendant chaque période de grandes vacances jouer sur la plage qui jouxtait la maison de ses grands parents. Quand il repartait vers la ville, suivant ses parents, une partie de lui-même restait sur la côte, insérée au creux des rochers.

    Arrivé à la maison alors qu’il déballait les valises avec sa mère, tous deux se rendaient compte, année après année, qu’il avait oublié quelque chose d’important là-bas au pays des mouettes. Ça avait été sa paire de lunettes dont il s’était passé durant tout le trajet. En réfléchissant, il se rappela l’avoir posé au-dessus du réfrigérateur en rangeant le beurre au petit déjeuner. Puis, ce fut son blouson de pluie qu’il avait accroché dans la salle de bain en rentrant de la pêche aux bigorneaux. Il avait été recouvert par les peignoirs. Ce fut encore, coincé dans la pile des bandes dessinées, le bulletin qu’il devait remettre à l’école signé, le jour de la rentrée.

    Il suppliait qu’on l’accompagnât pour reprendre son bien, trop heureux d’avoir une raison raisonnable de retourner au bord de la mer.

    Les parents restaient inflexibles. Il n’en était pas question.

    « Non, mais tu te rends compte ! 250 kms à l’aller et autant au retour. Avec la rentrée demain. Tu n’y penses pas ! Il va encore falloir improviser, te trouver une solution de dernière minute. Tu es une vraie tête de linotte ! »

    Petit Tom connaissait la solution. Celle qui ferait qu’il n’oublierait plus rien parmi les embruns. Mais il n'osait évoquer son grand désir. Les parents risquaient de le prendre très mal. Petit Tom refusait d’imaginer ce qui pourrait se passer s’il en parlait.

    Il ne trouvait pas vraiment sa place, seul entre ses deux parents, très occupés par leur travail et de multiples activités d’adultes : mettre en miettes les emballages des courses pour qu'ils prennent moins de place dans la poubelle depuis que le volume des ordures était contingenté, nettoyer les interstices des radiateurs en commençant d’abord par le haut puis en recommençant par le bas pour que ce soit bien fait, ranger les boutons de la boîte à couture par taille et par couleur parce que c’est plus facile à trouver, vérifier les date de péremption de chacune des réserves alimentaires, nombreuses, ses parents étant précautionneux.

    Petit Tom avait pris l’habitude de regarder ses parents faire en se tenant debout contre le chambranle de la porte. Il ne demandait rien. La réponse était invariablement la même : « Tu vois bien que nous avons du travail. Nous n’avons plus l’âge de nous amuser. Va jouer dans ta chambre, toi qui a la chance de n’avoir aucune contrainte. »

     

    Il ne pouvait pas inviter de copains. « Deux enfants ça fait du bruit. On a besoin de tranquillité. On travaille toute la semaine, nous. »

    Petit Tom ne trouvait pas sa place, mais il sentait confusément que ses parents ne se passeraient pas de lui. Dans leurs familles aussi loin que l’on se souvienne, on avait un enfant. Petit Tom donnait à ses parents le confort du sentiment de la générosité.

    Alors, il gardait pour lui son grand rêve.

    De temps en temps, il prenait un gros coquillage qu’il plaquait contre son oreille et il l’écoutait. La mer brassait ses vagues. L’odeur du sel et le bruit des mouettes le berçaient. Le soir pendant qu’il attendait le sommeil, il voyait les rochers, son éprouvette, les bigorneaux. Il imaginait un petit navire blanc voguant dans le soleil couchant vers une île. Son île. Pleine d’enfants comme lui qui se sentaient seuls chez leurs parents et qui fabriquaient des cabanes de branchage. Parfois lorsqu’il s’était vraiment, vraiment ennuyé dans la journée, quand il aurait vraiment, vraiment voulu pouvoir jouer avec un copain, une larme coulait sur sa joue. Et il pensait à l’objet qu’il avait laissé là-bas à sa place.

    Les années passaient. Petit Tom grandissait durant deux mois par an. Les deux mois des vacances chez ses grands parents. Ses parents étaient heureux de le confier là-bas alors qu’ils n’étaient pas encore en vacances. Ils avaient l’impression de se retrouver jeune couple. Mais il ne fallait pas que cela dure très longtemps. Petit Tom leur servait d’alibis pour rester ensemble. Ils en avaient besoin. Ils ne voulaient pas se séparer mais ne savait plus ce qui les retenait ensemble.

    Petit Tom lorsqu’il vivait chez ses parents ne prenait pas un centimètre. Il se tenait en réserve.  Comme si tout son corps était endormi. Il se levait machinalement. Faisait sa toilette comme un automate. Avalait un petit déjeuner sans goût. Et prenait le chemin de l’école parce que c’est ce que tous les enfants font. En classe, on ne l’entendait pas. Il faisait ce qui était demandé. Sans éclat et sans protestation. Il se situait dans la moyenne. Faisant juste ce qu’il faut pour être tranquille.

    Ses grands-parents n’étaient guère plus affectueux que ses parents. Ils leur ressemblaient même beaucoup. De leur longue vie, ils n’avaient pas appris la tendresse. Pour eux, les enfants et les adultes vivaient dans deux mondes qui se frottaient l’un contre l’autre mais ne se pénétraient pas. A chacun ses activités. Les enfants avaient même une tendance à représenter une gêne. Il fallait les tenir parqués en dehors du champ de vie des adultes.

    L’attrait de ses aïeux était constitué par leur proximité de la mer et la certitude pour eux que la meilleure chaperonne d’un garnement était la mer. Petit Tom bénéficiait donc d’une grande liberté pour aller se promener dans les rochers et construire des châteaux de sable. Les heures qu’il vivait au bord de la mer l’absorbaient entièrement. Il se sentait entouré par un monde plein de découverte et oubliait sa solitude quand il ne jouait pas avec les enfants des environs.

    Dès que Petit Tom eut l’âge de gagner sa vie, il prit le train, puis le car et s’arrêta au port le plus proche de la maison de ses grands parents. Il déambula sur les quais observant chaque bateau. Il y avait de très gros paquebots aux flancs noirs et hauts, il y avait des navettes qui emmenaient les touristes sur les îles proches pour la journée. Il vit aussi des navires de pêche plus ou moins gros, plus ou moins neufs avec leurs filets. Finalement, il découvrit une petite coque de noix avec de belles voiles blanches lumineuses et un modeste filet. Le patron tout ridé était en train de préparer le départ. Petit Tom s’arma de courage et l’appela : « S’il vous plait monsieur ! »

    _ Qu’est-ce que tu veux petit, dit le vieux bonhomme d’une voix ensoleillée.

    _ Je cherche du travail sur un bateau, dit Petit Tom.

    _ Ah mon bonhomme, tu as une bonne tête. Je t’aurais bien pris, mais j’ai engagé un mousse, il y a une semaine. Il devrait déjà être là.

    _ …

    Petit Tom ne répondit rien. Il était sûr que c’était sur ce bateau qu’il devait partir. Il ressemblait si fort à celui de ses rêves.

    _ Attends un peu. Quand mon mousse va arriver, je lui dirai de t’emmener au patron de la Belle Sirène. Hier, il cherchait encore quelqu’un.

    Le temps passait. Petit Tom ne perdait pas une miette des préparatifs du vieil homme. Et puis celui-ci commença à s’impatienter. Il devait partir et son mousse n’arrivait pas.

    - Ça commence mal, dit-il, s’il n’est pas fichu d’être à l’heure. Je ne vais pas l’attendre plus longtemps. Allez monte, moussaillon. On y va.

    Et Petit Tom prit la mer.

     

    Voir le tableau ayant inspiré cette nouvelle, ici

     

     


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