• Océanerosemarie présente ses vœux de paix. Devenue présidente de la République après la démission surprise de François Hollande suite à des effets inattendus de l’état d’urgence, elle nous souhaite en 2016 de devenir tous ensemble les acteurs de la vie politique française.

     

     


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  • Pour nouvel an, on préparerait une tige d'éclats de soleil, une goutte de pluie satinée, un chapelet de trilles de rouge-gorge. On les assemblerait précautionneusement avec un fil de toile d'araignée soigneusement choisi. On y ajouterait quelques écailles iridescentes de couleuvre, un craquement de noisettes, un filament de rivière et une odeur de rose douce.

    On prendrait un tabouret, on se hisserait sur la pointe des pieds. Ce serait trop juste. On ajouterait quelques livres sous les pieds. Avec un ruban en poils de chats, on pendrait au nez de sorcière accroché au plafond, le bouquet ainsi préparé pour se faire la bise à minuit.

    Ainsi l'année prochaine, on aurait des étoiles dans les yeux, du rêve pour horizon et de la poudre d'or dans les cheveux.


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  • Les mémés s'en vont deux par deux, claudiquant doucement, par les chemins, délabrés, troués, mal ravaudés. Elles s'en vont de leurs pas hésitants, chuchotant les histoires du village. Celui-là qui s'est fait un tour de dos en sortant les patates, celle-là qui s'en va marier prochainement et la tite du Louis qui attend son quatrième. Sont pas un peu fous non par les temps qui courent ! C'est comme ça, les jeunes, ça n'a pas grand chose dans la tête.


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  • Quand je suis arrivé en âge de choisir un métier, j’avais déjà une idée de ce que j’aimerais faire et de ce que je ne voulais pas faire. Je n’aurais pas du tout voulu être grignoteur de liberté ni amputeur d’arbres. Voleur de perles d’huître ne m’aurait pas plu non plus.

    En fait j’hésitais entre Papillon semeur de rêves ou Tisserand d’échelle d’amour. Mes amis m’on aidé dans mon choix. 

    « Tu sais bien que tu aimes te mettre en quête de couples amoureux parce que rien ne te fait plus plaisir que de voir des gens s’aimer ».

    Je devins donc tissamour.

    Je commençais mon travail par la rencontre des célibataires. Il était plus efficace qu’ils ne devinent pas l’objet de notre rencontre. Je sortis donc régulièrement en boîte. Ma bonne humeur et une certaine aisance à la danse me permirent d’être intégré facilement dans les bandes de jeunes que je ne connaissais pas.

    Si j’avais voulu ! J’aurais dix Madame Tissamour qui s’occuperaient de moi aujourd’hui, sans me vanter.

    Je discutai avec les uns et les autres pour faire connaissance avec les célibataires. J’apprenais ainsi s’ils étaient heureux de leur célibat ou s’ils se désolaient de n’avoir trouvé l’âme-sœur.

    Je les assortissais au gré de leurs humeurs, au fil de ma fantaisie : un grand, une petite ; un gros, une maigre ; un denté, une nezée ;  un coiffé, une ébouriffée. Ils allaient deux par deux par les chemins riches de leurs différences en chantant le tissamour, avec un, deux, trois petits folâtrant autour d’eux rieurs comme des papillons. Cela faisait des gerbes de couleurs gaies dans la campagne et c’était tous les jours le début du printemps.

     


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  • Ils remisent dans des cartons de naphtaline, écrasés par la poussière de l'oubli, l'odeur de la terre humide sous la pluie et le bruit de la houe sculptant le potager. Ils ont laissé les pots de confitures inutiles sur un rayonnage de la cave. S'ils revenaient à la saison des fruits. Les vestiges du tas de bois ne seront plus nourris. La ville se chauffe au gaz. Les bâches protectrices s'effilochent aux vents de novembre, lâchant leurs parcelles déchiquetées dans les branches proches. Les oiseaux y cueillent quelques miettes pour garnir de bleu roi leur nid modernisé.


    Ils fuient la campagne de leurs ancêtres. La terre ne nourrit plus.   L'engrais et la machine agricole ont tué la manne. La terre est devenue glaise lourde et stérile, macadam ou béton. Quand ils mettent le nez à la fenêtre, ils ne voient plus le ciel, étouffé par les murs de béton qui n'en finissent pas de monter. Ils ne savent dire s'il y a des nuages à l'Ouest ou si le ciel est d'azur. Ils regardent la météo à la télévision, sourds au langage du monde qui les avait enseignés petits.

    Ils remisent dans des cartons de naphtaline l'alphabet que la terre leur a appris.

     

     Ce texte a été inspiré par un  écrit de Barraban, ici

     

     


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    Un jour, Petit Tom décida de prendre la mer.

    Il était venu pendant chaque période de grandes vacances jouer sur la plage qui jouxtait la maison de ses grands parents. Quand il repartait vers la ville, suivant ses parents, une partie de lui-même restait sur la côte, insérée au creux des rochers.

    Arrivé à la maison alors qu’il déballait les valises avec sa mère, tous deux se rendaient compte, année après année, qu’il avait oublié quelque chose d’important là-bas au pays des mouettes. Ça avait été sa paire de lunettes dont il s’était passé durant tout le trajet. En réfléchissant, il se rappela l’avoir posé au-dessus du réfrigérateur en rangeant le beurre au petit déjeuner. Puis, ce fut son blouson de pluie qu’il avait accroché dans la salle de bain en rentrant de la pêche aux bigorneaux. Il avait été recouvert par les peignoirs. Ce fut encore, coincé dans la pile des bandes dessinées, le bulletin qu’il devait remettre à l’école signé, le jour de la rentrée.

    Il suppliait qu’on l’accompagnât pour reprendre son bien, trop heureux d’avoir une raison raisonnable de retourner au bord de la mer.

    Les parents restaient inflexibles. Il n’en était pas question.

    « Non, mais tu te rends compte ! 250 kms à l’aller et autant au retour. Avec la rentrée demain. Tu n’y penses pas ! Il va encore falloir improviser, te trouver une solution de dernière minute. Tu es une vraie tête de linotte ! »

    Petit Tom connaissait la solution. Celle qui ferait qu’il n’oublierait plus rien parmi les embruns. Mais il n'osait évoquer son grand désir. Les parents risquaient de le prendre très mal. Petit Tom refusait d’imaginer ce qui pourrait se passer s’il en parlait.

    Il ne trouvait pas vraiment sa place, seul entre ses deux parents, très occupés par leur travail et de multiples activités d’adultes : mettre en miettes les emballages des courses pour qu'ils prennent moins de place dans la poubelle depuis que le volume des ordures était contingenté, nettoyer les interstices des radiateurs en commençant d’abord par le haut puis en recommençant par le bas pour que ce soit bien fait, ranger les boutons de la boîte à couture par taille et par couleur parce que c’est plus facile à trouver, vérifier les date de péremption de chacune des réserves alimentaires, nombreuses, ses parents étant précautionneux.

    Petit Tom avait pris l’habitude de regarder ses parents faire en se tenant debout contre le chambranle de la porte. Il ne demandait rien. La réponse était invariablement la même : « Tu vois bien que nous avons du travail. Nous n’avons plus l’âge de nous amuser. Va jouer dans ta chambre, toi qui a la chance de n’avoir aucune contrainte. »

     

    Il ne pouvait pas inviter de copains. « Deux enfants ça fait du bruit. On a besoin de tranquillité. On travaille toute la semaine, nous. »

    Petit Tom ne trouvait pas sa place, mais il sentait confusément que ses parents ne se passeraient pas de lui. Dans leurs familles aussi loin que l’on se souvienne, on avait un enfant. Petit Tom donnait à ses parents le confort du sentiment de la générosité.

    Alors, il gardait pour lui son grand rêve.

    De temps en temps, il prenait un gros coquillage qu’il plaquait contre son oreille et il l’écoutait. La mer brassait ses vagues. L’odeur du sel et le bruit des mouettes le berçaient. Le soir pendant qu’il attendait le sommeil, il voyait les rochers, son éprouvette, les bigorneaux. Il imaginait un petit navire blanc voguant dans le soleil couchant vers une île. Son île. Pleine d’enfants comme lui qui se sentaient seuls chez leurs parents et qui fabriquaient des cabanes de branchage. Parfois lorsqu’il s’était vraiment, vraiment ennuyé dans la journée, quand il aurait vraiment, vraiment voulu pouvoir jouer avec un copain, une larme coulait sur sa joue. Et il pensait à l’objet qu’il avait laissé là-bas à sa place.

    Les années passaient. Petit Tom grandissait durant deux mois par an. Les deux mois des vacances chez ses grands parents. Ses parents étaient heureux de le confier là-bas alors qu’ils n’étaient pas encore en vacances. Ils avaient l’impression de se retrouver jeune couple. Mais il ne fallait pas que cela dure très longtemps. Petit Tom leur servait d’alibis pour rester ensemble. Ils en avaient besoin. Ils ne voulaient pas se séparer mais ne savait plus ce qui les retenait ensemble.

    Petit Tom lorsqu’il vivait chez ses parents ne prenait pas un centimètre. Il se tenait en réserve.  Comme si tout son corps était endormi. Il se levait machinalement. Faisait sa toilette comme un automate. Avalait un petit déjeuner sans goût. Et prenait le chemin de l’école parce que c’est ce que tous les enfants font. En classe, on ne l’entendait pas. Il faisait ce qui était demandé. Sans éclat et sans protestation. Il se situait dans la moyenne. Faisant juste ce qu’il faut pour être tranquille.

    Ses grands-parents n’étaient guère plus affectueux que ses parents. Ils leur ressemblaient même beaucoup. De leur longue vie, ils n’avaient pas appris la tendresse. Pour eux, les enfants et les adultes vivaient dans deux mondes qui se frottaient l’un contre l’autre mais ne se pénétraient pas. A chacun ses activités. Les enfants avaient même une tendance à représenter une gêne. Il fallait les tenir parqués en dehors du champ de vie des adultes.

    L’attrait de ses aïeux était constitué par leur proximité de la mer et la certitude pour eux que la meilleure chaperonne d’un garnement était la mer. Petit Tom bénéficiait donc d’une grande liberté pour aller se promener dans les rochers et construire des châteaux de sable. Les heures qu’il vivait au bord de la mer l’absorbaient entièrement. Il se sentait entouré par un monde plein de découverte et oubliait sa solitude quand il ne jouait pas avec les enfants des environs.

    Dès que Petit Tom eut l’âge de gagner sa vie, il prit le train, puis le car et s’arrêta au port le plus proche de la maison de ses grands parents. Il déambula sur les quais observant chaque bateau. Il y avait de très gros paquebots aux flancs noirs et hauts, il y avait des navettes qui emmenaient les touristes sur les îles proches pour la journée. Il vit aussi des navires de pêche plus ou moins gros, plus ou moins neufs avec leurs filets. Finalement, il découvrit une petite coque de noix avec de belles voiles blanches lumineuses et un modeste filet. Le patron tout ridé était en train de préparer le départ. Petit Tom s’arma de courage et l’appela : « S’il vous plait monsieur ! »

    _ Qu’est-ce que tu veux petit, dit le vieux bonhomme d’une voix ensoleillée.

    _ Je cherche du travail sur un bateau, dit Petit Tom.

    _ Ah mon bonhomme, tu as une bonne tête. Je t’aurais bien pris, mais j’ai engagé un mousse, il y a une semaine. Il devrait déjà être là.

    _ …

    Petit Tom ne répondit rien. Il était sûr que c’était sur ce bateau qu’il devait partir. Il ressemblait si fort à celui de ses rêves.

    _ Attends un peu. Quand mon mousse va arriver, je lui dirai de t’emmener au patron de la Belle Sirène. Hier, il cherchait encore quelqu’un.

    Le temps passait. Petit Tom ne perdait pas une miette des préparatifs du vieil homme. Et puis celui-ci commença à s’impatienter. Il devait partir et son mousse n’arrivait pas.

    - Ça commence mal, dit-il, s’il n’est pas fichu d’être à l’heure. Je ne vais pas l’attendre plus longtemps. Allez monte, moussaillon. On y va.

    Et Petit Tom prit la mer.

     

    Voir le tableau ayant inspiré cette nouvelle, ici

     

     


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