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Femme - Poème
Je la voyais descendre les quelques marches du perron.
La regardais s’envoler légère, au-dessus de l’escalier,
Se poser dans l’allée du jardin.
Ravissement.
Son pied, qu’elle avait menu et gracieux,
Se lovait sur le sol en un mouvement souple.
Sa cheville fine se ceignait d’un bracelet liane.
Elle sortait ce soir comme tous les soirs
Portant un fourreau fluide qui la moulait sans exagération.
Une de ces choses extrêmement réussies, à la taille basse.
Les courbes discrètes de son long corps
Dessinaient la structure du tissu
En un plissé délicieux.
Encore une fois, elle m’échappait.
Rien n’avait été dit entre nous.
Et rien ne serait dit.
Je restais ainsi à l’observer depuis la fenêtre.
Soir après soir, elle disparaissait
Pour aller se jeter dans les bras d’inconnus
Toujours autres.
Elle revenait de ses évasions sensuelles et tendres,
conquise.
Ses yeux langoureux brillaient d’un éclat sauvage.
Le parfum de sa peau mêlé aux effluves de transpiration
Trahissait l’embrasement de sa passion.
Elle était désirable à me rendre fou.
Je retenais une longue plainte.
Ne disais rien.
La regardais se déshabiller
En longs mouvements coulés.
C’est elle qui orchestrait nos échanges.
Et pour le moment,
Elle n’était pas décidée à se donner.
Elle enlevait ses atours
Qui s’étalaient sur le sol.
S’éloignait vers la baignoire.
Le métronome de ses deux croissants de lune
Se balançait de gauche à droite,
De droite à gauche.
… J’entendais le clapotis de l’eau...
Voile translucide.
… Enfin, elle s’approchait de moi.
Nue, elle avançait ses longs doigts
Et les posait sur mes touches noires et blanches
Charnelle.
Toutes mes fibres se mettaient à vibrer,
M’autorisant à lui dire combien je l’aimais.
Elle m’entrainait
De son doigté ferme et puissant
Dans l’alcôve de nos symphonies
Où, pour elle, je mourais d’amour.
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