• Apprendre à aimer le bouleau - Nouvelle - Série les Réfugiés

    Mon cher Nazir,

    Nous sommes enfin arrivés au terme du parcours du combattant. Tu ne peux imaginer la joie qui s'est emparée  de nous quand nous avons visité notre appartement après toutes ces années faites d'incertitudes et de danger.

    Nous habitons un appartement de trois pièces plus la cuisine, la salle de bain et le WC. Nos deux enfants ont leur chambre, nous la nôtre et nous avons même un petit salon. L'école est tout près.

    Je ne sais comment te faire partager le bonheur qu'il y a à vivre dans un pays où on peut en permanence sortir en sécurité. Les enfants peuvent aller seuls à l'école sans risque. L'assistante sociale a fait le nécessaire pour qu'ils aient tout le matériel scolaire demandé par le professeur. Je suis rassuré pour eux. Tlidja et moi en pleurions de soulagement le jour de leur rentrée.

    Nous avons tous deux déjà pu nous inscrire à un cours de langue pour les étrangers. Il va durer six mois. A l'issue, je chercherai un travail de serveur. Il parait que mon diplôme et mon expérience de naturaliste ne me serviront à rien. C'est une profession où il y a énormément de chômage ici. Les métiers de la restauration sont apparemment difficiles mais je suis sûr d'y trouver un emploi. Je ferai tout pour pouvoir élever mes enfants dignement et ne pas dépendre de l’État français. Je ne sais comment te décrire la reconnaissance que j'ai envers la France. C'est tellement merveilleux qu'elle nous accueille.

    Quand un emploi de naturaliste se libèrera - cela arrivera bien - je postulerai. J'ai toutes mes chances.

    Il n'est pas toujours facile de se faire aimer ici. Tout le monde n'accepte pas la couleur de notre peau. Mais je suis déterminé à montrer que je suis quelqu'un d'honorable et de respectueux, ainsi que ma famille. Je crois que l'école va nous aider à nous faire accepter. Le maitre est ouvert et chaleureux.

    Comment est la situation au pays? Les informations que l'on obtient ici ne semblent pas très fiables et sont parcellaires. Je reste profondément inquiet pour vous. Mais vous avez eu raison de ne pas partir. La santé de Loundja est trop délicate. Elle n'aurait pas supporter les épreuves de l'intégration et les conditions de vie en attendant l'admission définitive.

    C'est dur d'être obligé de vivre séparés à des milliers de kilomètres. C'est dur de ne plus sentir les odeurs de la terre natale, de ne plus voir les arbres qu'on aime. Même le ciel est différent. Pour le moment, notre logement est en ville. Nous souhaitons nous installer à la campagne le plus rapidement possible. Je vais apprendre à aimer la grâce du bouleau et la légèreté du saule pleureur, à sentir quand la pluie arrive. Je reconnais déjà le chant du merle, un oiseau noir au très joli chant.

    Quand nous aurons un travail, Tlidja et moi, nous vous ferons venir en vacances. Le plus tôt possible. Je vous aime.

    Baya

     

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 27 Juin 2016 à 13:31

    C'est touchant, j'aime bien ta petite nouvelle.

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