• Pour nouvel an, on préparerait une tige d'éclats de soleil, une goutte de pluie satinée, un chapelet de trilles de rouge-gorge. On les assemblerait précautionneusement avec un fil de toile d'araignée soigneusement choisi. On y ajouterait quelques écailles iridescentes de couleuvre, un craquement de noisettes, un filament de rivière et une odeur de rose douce.

    On prendrait un tabouret, on se hisserait sur la pointe des pieds. Ce serait trop juste. On ajouterait quelques livres sous les pieds. Avec un ruban en poils de chats, on pendrait au nez de sorcière accroché au plafond, le bouquet ainsi préparé pour se faire la bise à minuit.

    Ainsi l'année prochaine, on aurait des étoiles dans les yeux, du rêve pour horizon et de la poudre d'or dans les cheveux.


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  • Les mémés s'en vont deux par deux, claudiquant doucement, par les chemins, délabrés, troués, mal ravaudés. Elles s'en vont de leurs pas hésitants, chuchotant les histoires du village. Celui-là qui s'est fait un tour de dos en sortant les patates, celle-là qui s'en va marier prochainement et la tite du Louis qui attend son quatrième. Sont pas un peu fous non par les temps qui courent ! C'est comme ça, les jeunes, ça n'a pas grand chose dans la tête.


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  • Quand je suis arrivé en âge de choisir un métier, j’avais déjà une idée de ce que j’aimerais faire et de ce que je ne voulais pas faire. Je n’aurais pas du tout voulu être grignoteur de liberté ni amputeur d’arbres. Voleur de perles d’huître ne m’aurait pas plu non plus.

    En fait j’hésitais entre Papillon semeur de rêves ou Tisserand d’échelle d’amour. Mes amis m’on aidé dans mon choix. 

    « Tu sais bien que tu aimes te mettre en quête de couples amoureux parce que rien ne te fait plus plaisir que de voir des gens s’aimer ».

    Je devins donc tissamour.

    Je commençais mon travail par la rencontre des célibataires. Il était plus efficace qu’ils ne devinent pas l’objet de notre rencontre. Je sortis donc régulièrement en boîte. Ma bonne humeur et une certaine aisance à la danse me permirent d’être intégré facilement dans les bandes de jeunes que je ne connaissais pas.

    Si j’avais voulu ! J’aurais dix Madame Tissamour qui s’occuperaient de moi aujourd’hui, sans me vanter.

    Je discutai avec les uns et les autres pour faire connaissance avec les célibataires. J’apprenais ainsi s’ils étaient heureux de leur célibat ou s’ils se désolaient de n’avoir trouvé l’âme-sœur.

    Je les assortissais au gré de leurs humeurs, au fil de ma fantaisie : un grand, une petite ; un gros, une maigre ; un denté, une nezée ;  un coiffé, une ébouriffée. Ils allaient deux par deux par les chemins riches de leurs différences en chantant le tissamour, avec un, deux, trois petits folâtrant autour d’eux rieurs comme des papillons. Cela faisait des gerbes de couleurs gaies dans la campagne et c’était tous les jours le début du printemps.

     


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  • Ils remisent dans des cartons de naphtaline, écrasés par la poussière de l'oubli, l'odeur de la terre humide sous la pluie et le bruit de la houe sculptant le potager. Ils ont laissé les pots de confitures inutiles sur un rayonnage de la cave. S'ils revenaient à la saison des fruits. Les vestiges du tas de bois ne seront plus nourris. La ville se chauffe au gaz. Les bâches protectrices s'effilochent aux vents de novembre, lâchant leurs parcelles déchiquetées dans les branches proches. Les oiseaux y cueillent quelques miettes pour garnir de bleu roi leur nid modernisé.


    Ils fuient la campagne de leurs ancêtres. La terre ne nourrit plus.   L'engrais et la machine agricole ont tué la manne. La terre est devenue glaise lourde et stérile, macadam ou béton. Quand ils mettent le nez à la fenêtre, ils ne voient plus le ciel, étouffé par les murs de béton qui n'en finissent pas de monter. Ils ne savent dire s'il y a des nuages à l'Ouest ou si le ciel est d'azur. Ils regardent la météo à la télévision, sourds au langage du monde qui les avait enseignés petits.

    Ils remisent dans des cartons de naphtaline l'alphabet que la terre leur a appris.

     

     Ce texte a été inspiré par un  écrit de Barraban, ici

     

     


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    Porte de la terre


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    Je la voyais descendre les quelques marches du perron.

    La regardais s’envoler légère,  au-dessus de l’escalier,

    Se poser dans l’allée du jardin.

     

      Ravissement.

     

    Son pied, qu’elle avait menu et gracieux,

    Se lovait sur le sol en un mouvement souple.

    Sa cheville fine se ceignait d’un bracelet liane.

     

    Elle sortait ce soir comme tous les soirs

    Portant un fourreau fluide qui la moulait sans exagération.

    Une de ces choses extrêmement réussies, à la taille basse.

     

    Les courbes discrètes de son long corps

    Dessinaient la structure du tissu

    En un plissé délicieux.

     

    Encore une fois, elle m’échappait.

    Rien n’avait été dit entre nous.

    Et rien ne serait dit.

     

     

    Je restais ainsi à l’observer depuis la fenêtre.

    Soir après soir, elle disparaissait 

    Pour aller se jeter dans les bras d’inconnus

    Toujours autres.

     

    Elle revenait de ses évasions sensuelles et tendres,

    conquise.

    Ses yeux langoureux brillaient d’un éclat sauvage.

    Le parfum de sa peau mêlé aux effluves de transpiration

    Trahissait l’embrasement de sa passion.

     

    Elle était désirable à me rendre fou.

     

     

    Je retenais une longue plainte.

    Ne disais rien.

    La regardais se déshabiller

    En longs mouvements coulés.

     

    C’est elle qui orchestrait nos échanges.

    Et pour le moment,

    Elle n’était pas décidée à se donner.

     

     

    Elle enlevait ses atours

    Qui s’étalaient sur le sol.

    S’éloignait vers la baignoire.

     

    Le métronome de ses deux croissants de lune

    Se balançait de gauche à droite,

    De droite à gauche.

     

    … J’entendais le clapotis de l’eau...

    Voile translucide. 

     

    … Enfin, elle s’approchait de moi.

    Nue, elle avançait ses longs doigts

    Et les posait sur mes touches noires et blanches

    Charnelle.

     

    Toutes mes fibres se mettaient à vibrer,

    M’autorisant à lui dire combien je l’aimais.

      Elle m’entrainait

    De son doigté ferme et puissant

    Dans l’alcôve de nos symphonies

    Où, pour elle, je mourais d’amour.

     

     

    Voir l’œuvre qui a inspiré ce poème, ici


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