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Par Bleu Ebouriffé le 21 Août 2016 à 18:35
Grâce à Donutella, les secrets de Juliette, je viens de découvrir L.E.J
Des voix comme des tremblements du fond des âges,
Des accords à faire vibrer les chrysanthèmes.
La quintessence de la beauté féminine.
Un ................................. hommage ................. à ........................ la ............................Vie
A la joie
A la légèreté
A la gRavit
é
Ça retourne, émeut, nourrit, abreuve
Transporte...
Je vous laisse
Je pars en waouh ... cances demain.
Encore quelques bagages à terminer.
Bises
Marie
A faire partager très généreusement
C'est de la musique pour l'Âme
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Par Bleu Ebouriffé le 21 Août 2016 à 14:23
Petit coup d’œil au calendrier en me réveillant.
J'y vois un couple bien assorti. Un magnifique coq et sa compagne.
Lui est dressé, l’œil perçant fixé sur l'horizon. Il veille.
Elle, à côté, est détendue, tranquille.
L'Homme qui veille sur sa famille
et protège sa femme
a une épouse détendue et joyeuse.
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Par Bleu Ebouriffé le 4 Août 2016 à 09:09
Les derniers soupirs crépitent dans la cheminée
Une pluie de pétales abreuve la Lumière
Des perles de rosée ourlent la Source Nouvelle
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Par Bleu Ebouriffé le 31 Juillet 2016 à 10:31
La Vie est un terrain d'expériences.
Elle offre des possibilités infinies.
Celui qui explore acquiert ainsi la connaissance.
Je publie ma réponse au texte d'accueil du blog de Zephylyne, "Travesti comprendre"
Bonjour,
J'aime beaucoup votre avatar. Il est gai et frais. Ses couleurs sont lumineuses comme celles d'un arc-en-ciel.
Je suis une femme. Je n'ai jusqu'à présent rien lu sur l'expérience que tu abordes. Je trouve très courageux ce blog et la façon dont tu poses les questions, simples et respectueuses.
Enfant, je voulais absolument être un garçon. J'avais un père qui aurait souhaité être militaire. Il n'avait pas obtenu le concours "d'enfant de troupe". Et a donc fait une autre carrière.
Nous étions trois enfants. Il aurait souhaité un garçon en lieu et place de la fille que j'étais. Il avait de très hautes exigences sur le plan des performances physiques. Il nous faisait parcourir dans la journée des dénivelés de 1000 mètres dans les Alpes à partir de l'âge de 5 ans. Il attendait de nous que nous ne manifestions aucune douleur quand nous nous étions blessés. Que nous n'évoquions aucune fatigue.
Je tirais de mon corps le maximum de ce qu'il pouvait donner. Et même plus. Ma mère disait naïvement que j'étais une force de la nature. En réalité, j'aurais fait n'importe quoi pour obtenir un peu d'estime de ce père inaccessible et insatisfait. Je ne tenais aucun compte de la douleur de mes poumons et de mes muscles.
Il nous mettait dans des situations terrifiantes et dangereuses pour des enfants : traverser des éboulis pierreux sur des sentiers étroits sans accompagnement ou aide quelconque, par exemple.
J'avais le vertige. Je me suis retrouvée à faire seule une traversée de plusieurs dizaines de mètres d'éboulis. A 4 pattes sur les cailloux tellement j'avais peur.
Nous avons traversé de nombreux névés, ces immenses plaques de neige glacée que l'on trouve sur les flans des Alpes, en baskets et sans aucune protection. Glisser aurait pu nous être fatal. Après une dégringolade de plusieurs dizaines de mètres, nous aurions atterri dans l'éboulis pierreux. Dans quel état ?
Un ange gardien devait veiller sur nous.
Mon père voulait nous aguerrir, encore dans une guerre imaginaire potentielle, dans sa tête d'ancien enfant de la guerre de 39-45 et de militaire frustré.
Il pensait sincèrement bien faire. Croyait nous protéger.
A 18 ans, j'ai quitté le domicile familiale.
Cet éloignement m'a permis d'explorer ma féminité. J'ai commencé à porter des robes. Je me suis affinée.
Aujourd'hui, en tant que femme, il m'est "permis" par la société, sans être montrée du doigt, de porter des pantalons, de me couper les cheveux comme un garçon, de me servir d'une scie, de rentrer le bois de chauffage.
Nous avons acquis le droit de vote, le droit de travailler sans demander l'autorisation de notre conjoint, d'ouvrir un compte à notre nom, d'avoir nos propres ressources financières. Nous avons gagné le droit à l'autonomie. Le temps de notre mise sous la tutelle d'un père puis d'un mari alors que nous étions adulte est révolu.
Nous sommes en train de gagner le droit de diriger des équipes, de présider des associations, de créer notre entreprise. Je dis que c'est en train parce que c'est, encore aujourd'hui, plus difficile aux femmes qu'aux hommes. Nous le payons encore souvent d'humiliations. Nous devons encore souvent faire face au manque de respect, à de la brutalité.
Celles qui ont le courage d'y aller sont, bien souvent, contraintes d'utiliser les armes masculines qui les empêchent d'offrir la richesse de leur énergie féminine et d'en faire profiter la communauté. Ces femmes sont bien souvent obligées de se "travestir" en homme pour accéder aux postes de direction. Elles deviennent lointaines. Souvent plus dures que les hommes. Tant elle sont pris de coups. Et tant c'est à ce prix qu'elles se font respecter.
Que des hommes explorent leurs côtés féminins, c'est sans doute, une voie pour une plus grande harmonie intérieure. La recherche de comment ça vit de ce côté là. Et de, qu'est-ce que ce serait d'être né fille.
Est-ce que cela pourrait permettre à d'autres hommes d'intégrer leur féminité sans peur, avec respect.
Si cela pouvait être la voie pour sortir des clivages de pouvoir.
Et si cela permettait à chacun progressivement de développer sans censure toutes ses possibilités.
Que chacun devienne des êtres complets, unifié, harmonieux, dans l'acceptation de toutes ses composantes.
Bien à toi.
Marie
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Par Bleu Ebouriffé le 19 Juillet 2016 à 21:17
Un vieux sage est assis sur le bord de la route, les yeux fermés, les jambes croisées, les mains sur les genoux. Soudain, sa méditation est interrompue par la voix puissante et agressive d'un guerrier.
"Vieil homme ! Dis-moi à quoi ressemblent le paradis et l'enfer."
Le sage ne manifeste d'abord aucune réaction. Puis, peu à peu, il ouvre les yeux et esquisse un sourire, face au guerrier planté devant lui, de plus en plus impatient et agité.
"Tu désires connaitre les secrets du paradis et de l'enfer ? Toi, avec ton allure misérable, avec tes bottes et tes vêtements boueux ? Avec tes cheveux hirsutes, ton haleine fétide, ton épée rouillée ? Toi qui es si laid, tu oses me demander de te parler du paradis et de l'enfer ?"
Ivre de colère, le guerrier jure méchamment, sort son épée et la lève au-dessus de la tête du vieil homme. Son visage est cramoisi, les veines de son cou sont gonflées par la haine, alors qu'il s'apprête à trancher la tête du sage.
"Cela, c'est l'enfer" lui dit doucement le vieil homme.
Le guerrier arrête net son geste et reste bouche bée de stupéfaction, de respect, de compassion, devant cet homme qui a risqué sa vie pour lui prodiguer cet enseignement. Ses yeux s'emplissent de larmes d'amour et de gratitude.
"Et cela, c'est le paradis", conclut le sage."Frédéric Lenoir. L'Âme du Monde
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Par Bleu Ebouriffé le 5 Juillet 2016 à 16:05
Valérie marche d'un bon pas. Elle se rend à son travail. Comme tous les matins. Les odeurs d’échappement du faubourg aux mornes murailles de pierre déposent un nuage gris au fond de ses narines. Elle se hâte en direction du petit parc qui l'attend dans sa verdure touffue. C'est le printemps. De nombreux arbustes ploient sous leurs lumineux pétales odorants.
Valérie emplie ses poumons de cette mélodie champêtre. Un papillon blanc volète. Un sourire adoucit le visage de la jeune femme. Elle s'immobilise, totalement consacrée à l'évolution des ailes légères, qui se posent sur une feuille d'un bleu vert velouté, mues par d'imperceptibles mouvements. La présence du papillon, tout à sa découverte de la feuille, emplit la jeune femme . A 50 mètres du boulevard, le charme bruisse d'un murmure fluide. Le merle décline une grappe dorée de notes aériennes. Les fourmis traversent en bon ordre le chemin sableux. Valérie devient papillon. Ses yeux s'illuminent. La sérénité baigne ses traits délicats.
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Par Bleu Ebouriffé le 28 Juin 2016 à 12:45
La mort est là à tout moment balayant derrière chacun de nos pas ce qui n'a plus lieu d'être, ce qui est fini, ce qui a vécu - les anciennes maitresses, les vieilles blessures, les conflits d'autrefois...
Si nous la laissons faire, elle chasse de nos têtes les tracas anciens, les sentiments rancis, les vieilles ritournelles
Fauchant hardiment feuilles mortes et idées noires, comme le froid de l'hiver nettoie la campagne
Elle fait place pour le renouveau, l’innovation, la création,
C'est elle qui fait que chaque matin, un soleil nouveau se lève sur le jardin
Elle qui fait que le balancement des branches n'est jamais le même
Que les nuages toujours différents sont chassés par le vent offrant un ciel d'azur rayonnant
Elle qui fait que ton sourire peut être plus éclatant demain qu'hier
Elle qui fait de chaque instant une offrande unique et fluide
Elle qui donne sa magie à chaque baiser, chaque pas de danse, chaque étreinte.
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Par Bleu Ebouriffé le 26 Juin 2016 à 09:09
Nous sommes ce que nous pensons
Un homme imbu de lui-même fait couvrir de miroirs les murs et le plafond de sa chambre. Aimant s'y enfermer pour y contempler son image, il en ressort chaque fois plein d'assurance, prêt à affronter le monde. Un matin, il quitte la pièce en oubliant de refermer la porte. Son chien y entre. Voyant d'autres chiens, il les renifle, grogne et menace : comme les reflets le menacent aussi, il se rue sur eux en aboyant furieusement. Combat violent : les batailles contre soi-même sont les plus terribles ! Le chien meurt d'épuisement.
Un sage passe par là quand le maître, attristé, fait condamner la porte de la chambre.
- Laissez ouverte cette porte, lui dit-il. Elle a beaucoup à vous apprendre.
- Que voulez-vous dire ?
- Le monde est aussi neutre que ces miroirs. Selon que nous sommes admiratifs ou peureux, il nous renvoie ce que nous donnons. Soyez heureux, le monde l'est. Soyez anxieux, il l'est aussi. Nous y combattons continuellement nos reflets et nous mourons dans la lutte contre nous-mêmes. Écoutez ceci : dans chaque être et chaque instant, heureux ou douloureux, facile ou difficile, nous ne voyons jamais que notre seule image.
Frédéric Lenoir - L'âme du monde
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Par Bleu Ebouriffé le 15 Juin 2016 à 15:17
La beauté d'un paysage est la création des yeux qui le regardent
Je partage avec vous un extrait de "Les secrets de l'ho'ponopono" de Carole berger. Elle nous livre dans ce petit recueil la quintessence des traditions spirituelles hawaïennes qu'elle a rédigée après avoir passé quatre ans baignée par l'enseignement des sages hawaïens.
Le cœur peut être lourd et chargé de pierres aux arrêtes tranchantes.
Des pierres glanées sur le chemin et gardées avec constance au fond de soi :
les blessures infligées par soi-même à soi-même (tous ces mots négatifs que l'on s'assène : je suis bête, je n'y arriverai jamais...)
Les blessures infligées aux autres que l'on se reproche
Les blessures infligées par les autres que l'on nourrit de ressentiment.
Quelle est la solution pour soigner et guérir tout ce poids qui fait mal ?
Éteindre tous les griefs tapis au fond de soi. Mais comment y parvenir et s'apaiser ?
"Pardonner reste l'une des choses les plus difficiles qui soient car cela demande de faire taire tous les griefs du mental et de l'ego. Quelquefois, il nous semble simplement inimaginable de pardonner. Le mental ne peut s'y résoudre.
Parfois la douleur engendrée par l'action d'un autre ou par le jeu de la vie est tellement violente qu'il semble impossible de pardonner : l'abandon d'un homme alors que j'attends un enfant, la trahison d'un ami, la tromperie, un viol.
Les anciens nous disent alors :"Préviens-moi quand tu en auras assez."
C'est une affirmation plus que difficile à accepter pour nous, Occidentaux mais cette règle est certes implacable mais juste.
Il est impossible de passer à autre chose en continuant à nourrir en permanence des griefs. Parce qu'ils prennent toute la place, seuls la rancune, la colère, le ressentiment habitent le cœur. La pierre devient de plus en plus lourde à porter et rend aveugle à tout le reste. On se retrouve alors coincé dans un moment douloureux de la vie, plus rien d'autre n'existe. On est enfermé en ayant jeté la clef pour sortir.
...C'est seulement lorsque le ras-le-bol arrive quand l'envie de sortir de ces idées douloureuses, qui nous font tourner en rond, est la plus forte que la libération est possible.
...Quand la charge devient trop lourde et que nous ne savons plus très bien pourquoi ni comment nous en sommes arrivés là, pardonnons à tout et à tous (à commencer par nous-même). Laissons agir des forces qui sont bien au-delà de notre compréhension.
Robert Keliihoomalu, de la grande île, s'amuse de ce besoin des Occidentaux de vouloir tout comprendre. Il répète que pour pardonner, pour laisser vraiment aller ce qui a fait mal, ce qui a blessé, il faut tout simplement confier ce "poids" à l'Univers.
... Et sans trop savoir comment cela a marché, nous nous retrouvons un jour confronté à la même situation ou face à la personne qui nous a blessé mais avec surprise, nous voyons maintenant les choses autrement. C'est comme si la douleur ou la colère était partie... " Nous sommes libérés des émotions négatives. La place qu'elles occupaient s'ouvre au positif.
Confier les cailloux de sa chaussure au chemin pour trouver la légèreté
La pardon n'est pas tant un cadeau pour les autres que pour soi-même,
pour s'alléger le cœur et marcher guilleret.
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Par Bleu Ebouriffé le 18 Février 2016 à 23:19
Le stress a un effet très important sur le cerveau des enfants qu’il peut modifier. Même s’il ne laisse pas de souvenir, il provoquera des symptômes envahissants et sera à l’origine de multiples troubles tout au long de la vie.
A la suite du récit que j'ai publié, j'ai eu envie d'aller plus loin qu'un simple constat impuissant.J'ai entrepris des recherches qui aboutissent à la présentation d'extraits d'un article du Docteur, Muriel Salmona, présidente de l'Association Mémoire Traumatologique et Victimologie. Cette association créée en 2009 a pour objectif de d'améliorer l'identification, la protection et la prise en charge des victimes de violences par une meilleure information du public et par la formation des professionnels impliqués, d'améliorer leur orientation et leur accès à des soins spécialisés de qualité, et aussi d'améliorer la connaissance et compréhension des conséquences des violences, dans l'optique de lutter contre toutes les violences et d'améliorer leur prévention.
De l'article "Violences faites aux enfants", j'ai retenu:
- les témoignages de sévices qui montrent la gravité des traitements infligés aux enfants,
- leurs conséquences sur les comportements des enfants qui en sont l'objet,
- les besoins de l'enfant,
- l'inscription des traumatismes dans le cerveau et les répercutions sur le développement,
- la construction de la mémoire traumatique,
- la nécessité impérative de la protection.
Récits d’enfance :
« Les récits d'enfance de beaucoup de patients font froid dans le dos ! Ces récits décrivent des scènes de torture quotidiennes, des sévices physiques et sexuels, des actes de barbarie, des mises en danger réitérées, associées à des négligences et des violences psychologiques d'une cruauté incroyable. Pour la plupart de mes patients, les sévices remontent à leurs premiers souvenirs, déjà à 3 ans ils vivaient dans la terreur et ils n'ont ensuite connus que celle-ci, dans l'indifférence générale. Ils ont été confronté à une volonté systématique de les faire souffrir le plus possible, avec des mises en scène destinées à les terroriser et à les désespérer, de véritables tortures.
Plusieurs patients m'ont rapportés avoir reçu en cadeaux de Noël ou d'anniversaire des fouets ou des martinets… nombreux sont ceux qui, en punition, devaient rester des heures à genoux les bras en croix ou sur la tête, enfermés dans une cave ou un placard dans le noir, attachés de longues heures, affamés ou obligés de manger des restes alimentaires avariés, passés sous des douches froides ou brulantes, exposés en plein froid, abandonnés, brulés avec des cigarettes. Certains étaient même réveillés en pleine nuit pour être injuriés, secoués et frappés violemment.
D'autres devaient faire des travaux épuisants ou impossibles pour leur âge, et étaient transformés en esclaves corvéables à merci. Beaucoup ont eu de nombreuses fois peur de mourir : lors de mises en danger (conduite à risque routière en état d'ivresse, négligences graves) ; lors de menaces de mort explicites (verbales ou avec une arme, menaces de "suicide" collectif) ; lors de scénarios terrifiants inventés par des adultes pour faire peur (lors de maladie ou d'accidents où les adultes prédisent à l'enfant une mort certaine dans des souffrances atroce uniquement pour le terrifier, un père "s'amusait" à dire à une patiente quand elle avait six ans qu'il avait dans sa poche une bombe qui allait exploser dans trois minutes et il commençait le décompte…) ; lors de violences physiques extrêmes ou de viols ; lors de tentatives de meurtre (strangulation, étouffement, noyade, etc.).
Conséquences :
Ces enfants gravement maltraités vivaient continuellement la peur au ventre, peur de provoquer une colère, peur d'être tués, peur de se réveiller le matin, peur de rentrer à la maison après l'école, peur des repas, des week-ends, des vacances. Ils ont dû développer des stratégies hors norme pour survivre, en s'auto-censurant pour éviter toutes les situations à risque de dégénérer en violences, en se soumettant à tous les diktats des bourreaux, en se dissociant pour supporter l'insupportable en s'aidant de conduites à risque, en développant très souvent un monde imaginaire pour s'y réfugier, un monde imaginaire devenant parfois envahissant avec un compagnon imaginaire (poupée, peluche, animal, ami) à qui ils parlaient et qui souvent leur parlait, avec l'élaboration de romans familiaux (où l'enfant a d'autres parents) ou de romans d'aventure dont ils étaient les héros.
Mais ces stratégies avaient leurs limites et les enfants pouvaient traverser des périodes de désespoirs intenses avec des idées et parfois des passages à l'acte suicidaires. Et souvent, ils n'ont pu en parler, que vingt, trente, voire plus de quarante ans après. À l'âge adulte, la mémoire traumatique de toutes ces violences est toujours là qui met en scène des terreurs, des désespoirs, des souffrances intolérables comme si elles étaient en train de se reproduire à nouveau, avec des sensations soudaines d'être projetés par terre, d'être écrasés, frappés violemment, de perdre connaissance, de mourir, d'avoir la tête ou le corps qui explose, avec des suffocations, des douleurs intenses.
Et toutes les situations qui exposaient le plus à des violences comme les repas, les soins corporels, l'endormissement, les apprentissages, répondre à des questions, les week-ends, les vacances, les trajets en voiture, etc. deviennent redoutées, et sont susceptibles de provoquer bien des années après des angoisses ou des attaques de panique ou des conduites d'évitement. (…)
Les besoins de l’enfant :
L'enfant pendant ses premières années de vie a un besoin absolu d'un adulte qui assure ses besoins essentiel, sa sécurité, son bien-être matériel et affectif. L'enfant est en situation de dépendance physique, sociale, psychique et affective face au monde des adultes, toute violence ou négligence de la part des adultes va mettre en péril son développement psycho-moteur et sa relation au monde, le plonger dans une grande insécurité et le mettre en danger.(…)
Violences et développement de l’enfant :
Contrairement à ces fausses représentations, l'impact psychologique des violences sur les enfants est plus grave que sur les adultes, du fait de leur fragilité, de leur grande dépendance, de leur impuissance et de leur manque d'expérience face aux adultes, de leur immaturité à la fois physiologique et psychologique et de leur situation d'être en devenir, en pleine construction. L'immaturité du système nerveux central rend le cerveau des enfants beaucoup plus sensible aux effets du stress par l'intermédiaire de la sécrétion excessives de cortisol, avec des risques plus importants d'atteintes neuronales et plus particulièrement dendritiques, avec des morts neuronales, et des modifications épigénétiques de l'ADN des neurones ; certaines zones du cerveau comme le cortex pré-frontal limbique et l'hippocampe peuvent perdre de leur volume et rester atrophiées tant qu'il n'y a pas de protection mise en place et de prise en charge adaptée.
Le système nerveux d'un enfant a une grande plasticité, des soins spécialisés permettent une très bonne récupération neuronale. Une autre des caractéristiques du cerveau d'un enfant de moins de deux ans est la grande immaturité de l'hippocampe, cette structure cérébrale sous-corticale qui est un véritable logiciel de la mémoire et des apprentissages. L'hippocampe est indispensable pour mémoriser des événements, intégrer des apprentissages et se repérer au niveau temporo-spatial, son immaturité fait qu'un enfant de moins de deux ans ne peut pas avoir de souvenirs de la période entre sa naissance et ses deux ans.
Cette absence de souvenirs ne signifie pas pour autant qu'il ne puisse pas être traumatisé par des violences, tout au contraire car la structure cérébrale responsable des réponses émotionnelles, l'amygdale cérébrale, est active et fonctionnelle avant même la naissance (à partir au moins du 7ème mois de grossesse) ; il y aura donc une réponse émotionnelle qui sera encore plus intense que celle des adultes, les possibilités de la moduler étant bien moins importantes : le cortex cérébral qui est la structure modulante est moins performant car il a moins de capacités d'analyses et de ressources, de plus le cortex ne peut pas faire appel à l'hippocampe pour utiliser des apprentissages et des souvenirs très utiles pour mieux comprendre et analyser la situation de violence.
Le circuit émotionnel sera donc beaucoup moins modulé, et risquera d'autant plus de se retrouver en "sur-voltage" entraînant de ce fait un risque cardio-vasculaire et neurologique (risque de toxicité neuronale et d'hyper-excitation de ceux-ci pouvant être responsable de crises épileptiques, de pertes de connaissance), le survoltage entraînant, par mécanisme de sauvegarde, le déclenchement d'une disjonction qui sera à l'origine d'une dissociation et d'une importante mémoire traumatique.
Ces éléments rendent les enfants les plus jeunes très vulnérables aux violences. Même s'ils n'en ont pas le souvenir, ils en auront des symptômes envahissants par l'intermédiaire de la mémoire traumatique de ces évènements. Cette mémoire traumatique les colonisera en leur faisant revivre les mêmes émotions, sensations et douleurs que celles ressenties lors des violences. Leur développement psychique sera "infecté" par cette mémoire traumatique et par les stratégies de survie que l'enfant mettra en place pour y échapper ou l'anesthésier, et risquera d'entrainer des troubles de la personnalité, des troubles du comportements et des troubles cognitifs qui pourront, quand ils sont envahissants, être pris à tort pour des états psychotiques, des états limites, des troubles obsessionnels sévères, des troubles graves de l'attention, ou des débilités mentales, et traités comme tels, par méconnaissance des troubles psychotraumatiques.
Après deux-trois ans, si l'hippocampe devient fonctionnel, les violences pourront aussi être oubliées en totalité ou en partie par une amnésie psychogène de survie assez fréquente (38% d'amnésie complète des violences sexuelles dans l'enfance dans l'étude de Williams, 1994).(…)
Une protection impérative :
Il est d'autant plus essentiel de protéger les enfants des violences et d'intervenir le plus tôt possible. Il s'agit de situations d'urgence pour éviter des psychotraumatismes sévères et chroniques avec de graves conséquences sur la vie future des enfants, sur leur santé, sur leur scolarisation et leur socialisation, et sur le risque de perpétuation des violences.(…)
La société, en laissant perpétuer des violences « ordinaires » sur les enfants, qu'elle n'interdit et ne condamne pas suffisamment, porte une lourde responsabilité.(…)
On ne manque jamais de vous assener ces « contre-exemples » résilients qui ont même bénéficié, selon eux, de ces violences subies pour être encore plus parfaits, pour encore mieux réussir, les violences les ayant « forgés », quel « merveilleux malheur », « merci Papa, merci Maman de m'avoir autant maltraité, grâce à vous, je suis quelqu'un de fort et de bien maintenant ! ».(…)
L'enjeu de tout cela, c'est de prouver que ce qu'on nomme des violences ne sont pas graves pour tout le monde, qu'elles peuvent ne pas avoir de conséquences.Il est essentiel de lutter efficacement contre les violences faites aux enfants, les conséquences à court, moyen et long terme sur leur santé psychique et physique sont catastrophiques ; et les conséquences sociales à long terme sont catastrophiques également, car elles constituent le départ d'un véritable cycle de la violence. Il faut protéger les enfants et les soigner le plus tôt possible ; plus les soins sont précoces, plus ils sont efficaces et plus ils évitent des souffrances intolérables et des morts précoces. Il est hors de question de les abandonner à ces violences : sans prise en charge les enfants devront survivre comme ils peuvent et seront à grand risque d'échecs scolaires, de conduites addictives (tabac, alcool, drogues), de marginalisation, d'isolement social, d'exclusion, de délinquance. »
Les chiffres choc de la maltraitance des enfants, le Parisien
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